Lors de sa rencontre avec le Président français Emmanuel Macron, le Président du Conseil Présidentiel de Transition (CPT), Leslie Voltaire, a insisté sur un point fondamental: la reconnaissance historique. Selon Voltaire, la première dette que la France doit payer à Haïti n’est pas seulement monétaire, mais avant tout mémorielle. Il a plaidé pour l’intégration dans le programme éducatif français d’un enseignement obligatoire sur l’histoire de la colonisation et l’exploitation d’Haïti par la France.
Un devoir de mémoire avant toute réparation financière
“Chaque petit Français doit savoir que la France a pillé un pays qui s’appelle Haïti, un pays qu’elle a mis en esclavage pendant plusieurs siècles”, a déclaré Voltaire à Macron, insistant sur la nécessité de corriger une omission historique majeure dans l’enseignement en France. Selon lui, la vérité historique doit être enseignée aux jeunes générations françaises afin qu’elles comprennent l’impact de la dette de l’indépendance imposée à Haïti et les conséquences qui en découlent encore aujourd’hui.
Cette dette, évaluée initialement à 150 millions de francs-or en 1825 par le roi Charles X, a été imposée à Haïti sous la menace militaire après son indépendance. Elle a saigné l’économie haïtienne pendant plus d’un siècle, empêchant le jeune État de se développer. Aujourd’hui, en prenant en compte les intérêts et l’inflation, le montant de cette dette serait estimé à plusieurs centaines de milliards de dollars.
Vers une déclaration officielle en avril ?
Cette demande mémorielle s’inscrit dans un contexte où la France s’apprête à faire un geste symbolique. Le Président Emmanuel Macron doit en effet faire une déclaration officielle en avril prochain, à l’occasion du bicentenaire du premier paiement de cette rançon par le Président haïtien Jean-Pierre Boyer en 1825. Cette déclaration, selon des sources diplomatiques, pourrait marquer une avancée significative vers la reconnaissance et la réparation de cette dette historique.
Toutefois, de nombreuses interrogations demeurent. Macron ira-t-il jusqu’à reconnaître officiellement l’illégitimité de cette dette et proposer un remboursement concret ? Le gouvernement français osera-t-il briser le tabou de la restitution financière ou se contentera-t-il d’un simple geste symbolique ?
Si cette dette est un sujet central des relations franco-haïtiennes, elle dépasse le simple cadre bilatéral. Leslie Voltaire a également plaidé pour que la question de la restitution soit portée devant les instances internationales, notamment l’ONU et la Cour internationale de justice, afin que la communauté internationale prenne position sur cette injustice historique.
En attendant la déclaration d’Emmanuel Macron en avril prochain, le Président haïtien continue de mobiliser le soutien international pour que cette dette ne soit pas seulement un sujet de discussion, mais une priorité dans les relations entre les deux nations. Pour Haïti, la réparation passe d’abord par la vérité, et ensuite par la justice financière.